Créer, avec ou sans feuille de route ?

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François MARQUET Directeur de création
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Retour vers le futur : ce que les étudiants apprennent à leur intervenant sur le monde de demain.

Chez AUplaisir, on a toujours conservé une partie de notre temps pour intervenir dans des écoles (ENSCI, écoles d’arts, Gobelins, etc). C’est l’occasion de prendre du recul sur notre propre pratique. 

Quelle différence y a-t-il entre un projet étudiant et un projet tout court ?

C’est simple. Dans un projet réel, il y a de l’argent à la clef, aussi on cherchera à réduire les risques. Certes, la création demande de défricher un territoire inconnu, mais on essayera d’en établir une carte avant de s’y perdre complètement.
La carte, cette feuille de route de la création, est constituée par la production de références, des exemples de réalisations similaires, puis des schémas, tout cela avant de s’attaquer aux maquettes graphiques. Ces étapes intermédiaires sont des outils, qui permettent d’appréhender le territoire final, avant qu’on aie fini de l’explorer.
C’est quand même plus pratique de se décider sur un croquis plutôt que sur le projet entièrement finalisé. Non ?
Et pourtant il y a des étudiants pour qui ces étapes préparatoires sont trop abstraites ou trop compliquées : ils ne peuvent s’investir dans un projet que lorsqu’il s’agit de passer en production. Pour eux, ça ne démarre vraiment que quand on peut dessiner ou coder…  dans ces cas-là, je m’inquiète, moi, qui joue le rôle du client / investisseur / directeur-de-création… bref, celui qui a besoin de quelques garanties avant d’encourager l’équipe à passer en production.

Tadaam !

Surprise : parfois ça donne des projets très beaux, très intéressants, qui surgissent  du néant par magie… apanage de la jeunesse fraîche et spontanée ! Pour sûr, appliquée à la vraie vie, cette méthode produirait un paysage visuel moins formaté, surprenant et inattendu.

Et alors ?

Là ou l’histoire devient intéressante, c’est que nous avons aussi des CLIENTS, pour qui le concept, c’est trop abstrait ! Ils valident les schémas, mais refusent le site qui les met en pratique ; ils écrivent des briefs, et n’aiment pas qu’on les respecte. Dans l’innovation, difficile de se projeter.
Dans ce cas de figure, est-ce que je peux transposer la méthode de mes étudiants ? Pour transformer la chance des débutants en une technique non conventionnelle, une idée : créons agile ! Réaliser un prototype rapide, présenter directement un parcours utilisateur, donner un aperçu du résultat final au plus vite, tout cela est possible, à condition que le client accepte -et finance !- les inévitables successions  d’essais/erreurs qui pourront se produire.
On ne peut pas traverser un nouveau territoire en courant, et tomber sur la mine d’or à chaque fois.

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